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Dans une étude inédite, Atmo Occitanie cible les perturbateurs endocriniens dans l’air
22/06/2024
Dominique Tilak, la directrice générale d’Atmo Occitanie, présente une "cartouche" (dispositif de captage des perturbateurs endocriniens dans l’air) devant la station de mesures toulousaine. Crédit : Zoltan Bach - ToulÉco.
Atmo Occitanie, l’observatoire régional de l’air, a lancé en mars 2024 une étude exploratoire sur les concentrations de perturbateurs endocriniens dans l’air. Menée sur trois ans, cette étude est une première en France.
Une "cartouche" : voici la nouvelle arme d’Atmo Occitanie, l’association agréée de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) en Occitanie. Elle servira à mesurer la présence de perturbateurs endocriniens dans l’air. Lancée en mars 2024, une étude exploratoire concerne l’air respiré par « 25 % de la population régionale », précise Thierry Suaud, administrateur d’Atmo Occitanie et maire de Portet-sur-Garonne.
Cinq sites régionaux [1] sont équipés de ces fameuses "cartouches" qui pompent l’air « de façon à reproduire un poumon humain », explique Dominique Tilak, directrice générale d’Atmo Occitanie. Les gaz et les particules recueillis sont ensuite analysés par un laboratoire de la Sorbonne, afin de déterminer la concentration en perturbateurs endocriniens. Ces substances sont suspectés de provoquer des « troubles de la croissance, des troubles du développement neurologique, des troubles de la fonction immunitaire ou encore l’apparition de certains cancers (cancers hormono-dépendants) et maladies métaboliques comme le diabète et l’obésité », selon le ministère de la Santé [2]. Elles sont présentes « dans nos emballages alimentaires, nos cosmétiques, nos peintures, nos plastiques... », énumère Thierry Suaud.
En lançant cette étude exploratoire, menée de 2024 à 2026 pour un coût total de 200.000 euros, l’Occitanie fait figure de pionnière à l’échelle de la France. Un financement rendu possible grâce à une astreinte financière du Conseil d’État, due à l’insuffisance des mesures de l’État sur la pollution au dioxyde d’azote (NO₂). Les premiers résultats de cette étude inédite seront communiqués début 2025.
Une première étude à Toulouse
Une étude de faisabilité a été menée à Toulouse du 29 juin 2022 au 30 août 2023. Elle a révélé la présence de 46 molécules sur les 56 recherchées. Les phtalates (présents dans les emballages alimentaires, les cosmétiques, les peintures et les produits ménagers notamment), les hydrocarbures aromatiques polycycliques (générées par la combustion incomplète via le chauffage au bois ou le trafic routier) et les alkylphénols (utilisés dans les matériaux antiflamme, les détergents, les cosmétiques...) sont les trois familles de perturbateurs endocriniens les plus présentes à Toulouse en 2022-2023. « Ce qui nous a étonnés, c’est qu’on les a retrouvés en extérieur », note Dominique Tilak à propos des alkylphénols.
Atmo Occitanie a déjà pointé sa prochaine cible : les « polluants éternels ». L’observatoire de l’air va se pencher sur le suivi des PFAS (alkyls perfluorés et polyfluorés) dans les retombées atmosphériques, dans une étude qui débutera en juin 2024, sur les cinq sites concernés par l’étude des perturbateurs endocriniens.
Notes
[1] Un à Toulouse et un à Montpellier, deux sites agricoles (un site viticole dans l’Aude et une grande culture en Haute-Garonne) et un site urbain sous influence d’activités industrielles (Alès)