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Les aires marines protégées sont-elles efficaces pour préserver la biodiversité ?

17/10/2024

Les aires marines protégées sont-elles efficaces pour préserver la biodiversité ?

Les aires marines protégées ont une efficacité qui varie en fonction de leur niveau de protection. © Saad Alaiyadhi / Pexels

Pour tenter de protéger la biodiversité marine des activités humaines néfastes pour l’environnement, des aires marines protégées sont mises en place à l’échelle internationale. Mais leur degré de protection varie fortement. Décryptage.

La pêche industrielle impacte plus de la moitié des océans, soit une zone quatre fois plus importante que l’agriculture terrestre. Avec des conséquences désastreuses pour la biodiversité marine. Par exemple, plus d’un tiers des espèces de requins et de raies sont menacées d’extinction à cause de la surpêche. Pour tenter de préserver les océans, des aires marines protégées (AMP) ont été mises en place à travers le monde. L’objectif : limiter, voire exclure, les activités humaines dans ces zones pour permettre aux écosystèmes de se régénérer. Une méthode qui fonctionne, puisque dans les zones les plus fortement protégées, la biomasse en poissons est près de huit fois plus importante.

Des degrés de protection divers

Mais toutes les AMP n’ont pas le même niveau de protection. Si, en 2023 on en recensait 18 000, soit un peu plus de 8 % des océans, une étude a démontré que seul un tiers de ces aires marines bénéficiaient d’une haute protection. Ce qui représente 2,6 % des océans mondiaux, loin de l’objectif "30x30" fixé par la communauté internationale : 30 % des océans protégés à l’horizon 2030. Selon l’étude, le deuxième tiers (36 %) autorise des activités incompatibles avec la préservation de la biodiversité, comme la pêche industrielle, tandis que le reste est dépourvu de réglementation ou très faiblement protégé.

Les scientifiques soulignent également qu’il existe un nombre important de grandes AMP dans des zones reculées, au détriment de zones côtières fortement impactées par les activités humaines. Pour eux, cela signifie que les méthodes actuelles d’évaluation privilégient la quantité à la qualité.

Une législation européenne non contraignante

En Europe, la situation est encore plus inquiétante. Selon une étude publiée dans la revue One Earth, 86 % des AMP européennes ne régulent les activités humaines que de manière marginale. De fait, dans ces AMP les activités humaines nocives pour les écosystèmes, comme la pêche au chalut, le dragage ou l’extraction minière, ne sont pas interdites.

En cause : une réglementation européenne trop souple. "C’est difficile de forcer l’Union européenne à faire quoi que ce soit sur le sujet, puisqu’il faudrait que la régulation soit contraignante. La charge de mettre des choses en place pour atteindre les objectifs européens va tomber sur les pays eux-mêmes", explique Juliette Aminian-Biquet, l’une des auteurs de l’étude, à Géo. L’Union européenne appelle donc les Etats membres à redoubler d’efforts mais, à ce jour, seules la Grèce et la Suède ont suivi les conseils de la Commission.

En France, 33 % des eaux sont protégées, mais seuls 4% le sont efficacement. Et leur répartition est très inégale. En 2022, le gouvernement a fixé par décret un objectif de 10% des espaces maritimes nationaux en "protection forte" d’ici 2030. Un décret attaqué devant le Conseil d’Etat par l’ONG Bloom, pour qui le texte est "une coquille vide" qui "ne correspond pas au niveau minimal de protection prôné unanimement par les scientifiques".

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