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Une centrale photovoltaïque va s'implanter au milieu d'un circuit automobile dans l'Aisne : "c'est un projet important qui se veut exemplaire"
08/03/2025

Photomontage - La centrale photovoltaïque va venir côtoyer le circuit automobile de Clastres et ses éoliennes, d'ici à trois ans • © Qair
Une centrale photovoltaïque fera son apparition à Clastres, dans l'Aisne, sur un terrain inexploité de 50 hectares, dans quelques années. Le projet est porté par la communauté de communes de Saint-Quentin, aidée par la région des Hauts-de-France.
Un circuit automobile entouré de panneaux photovoltaïques. C'est le projet qui devrait voir le jour d'ici à trois ans à Clastres, dans l'Aisne. L'ancien aérodrome de la commune, aujourd'hui devenu un pôle mécanique, la Clef des Champs, avec notamment une piste de course automobile, était l'endroit parfait pour construire une centrale photovoltaïque. "On est sur un terrain avec beaucoup d’espace, éloigné des habitations, donc sans impact sur le paysage. Ça va nous permettre d’installer 82 000 panneaux solaires", explique Nicolas Gubry, responsable du projet.
L'initiative est née en 2021 et est devenue l'une des priorités de l'agglomération de Saint-Quentin, à l'origine du projet. "Le point de départ, c’est le lancement d’un appel à manifestation d’intérêt de la collectivité. On a été lauréat du projet fin 2023 et on est aujourd'hui sur l'un des sites prioritaires au niveau du photovoltaïque par rapport aux perspectives de l’État", affirme Nicolas Gubry. L'objectif affiché par l'agglomération : obtenir une autonomie quant à l'énergie produite sur le territoire. "La centrale va nous permettre d’améliorer notre souveraineté en matière d’énergie. Cette autonomie est importante. On a des enjeux par rapport au réchauffement climatique dans le cadre d’objectifs que l’on s’est fixés de multiplier par quatre la production d’énergie renouvelable", justifie Frédérique Macarez, présidente de l'Agglo du Saint-Quentinois.
Les acteurs locaux au cœur de la transition énergétique
Si le projet semble titanesque, il n'en est pas moins bien entamé après la signature du bail le 4 février entre la communauté de communes de Saint-Quentin, propriétaire des terrains et l'exploitant, le groupe Qair. Pour encourager ces projets initiés par les collectivités, la SEM (Société d'économie mixte) Énergies Hauts-de-France a été créée au sein du conseil régional. "Elle rassemble des acteurs publics et privés qui ont pour mission de développer et massifier les projets d'énergie renouvelable", explique Frédéric Motte, président de la SEM.
Le groupe Qair, la SEM Energies Hauts-de-France et l'Agglo du Saint-Quentinois ont signé le bail pour lancer la construction de la centrale • © Gontran Giraudeau / FTV
Cette collaboration entre la SEM et les collectivités permettra d'allier les idées de l'Agglo du Saint-Quentinois à la réalisation du projet. "Notre objectif de base, c'est de produire et consommer notre propre énergie. À terme, on souhaite en faire bénéficier 25 000 habitants", se réjouit Frédérique Macarez. "Ici, on a un projet important qui se veut exemplaire. Nous avons la conviction que c’est dans les territoires que cela va se passer, avec les acteurs locaux, qui hésitent parfois à se lancer. Pour les rassurer et les encourager, on apporte notre ingénierie, parce qu’on a de l’expertise, et nos moyens financiers", répond Frédéric Motte.
Prochaine étape : un permis de construire délivré par l'État et une enquête publique. Trois années seront nécessaires. Une temporalité qui pose question. "Entre le moment où on a eu l’idée et la réalisation, il va se passer sept ans. Est-ce que c’est une temporalité acceptable face aux enjeux de dérèglement, au besoin d’autonomie française ? Je pense que non. Des idées, on en a beaucoup, mais il ne faut pas qu’il y ait des réglementations qui viennent s’ajouter aux réglementations et qui retardent les projets", regrette Frédérique Macarez, présidente de l'Agglo du Saint-Quentinois.
Développer le mix énergétique
La centrale photovoltaïque qui entourera le circuit automobile de Clastres a pour objectif affiché de réduire de 24 % la consommation d'énergie et de 17 % les émissions de gaz à effet de serre. Mais surtout de développer une diversité de sources d'énergie. "L'ambition que nous avons, c'est l’autonomie en termes d'énergie. Il faut trouver le mix énergétique : le nucléaire, géré par l’État, la méthanisation, l’éolien, le photovoltaïque... Demain ce sera l'hydrogène", admet Frédéric Motte. Alors que la région des Hauts-de-France est leader de l'éolien avec 30 % de la production, elle souhaite maintenant se tourner vers le photovoltaïque pour une raison simple : "Si vous ne dépendez que d’une énergie, vous prenez des risques", selon le président de la SEM Énergies Hauts-de-France.
Le pôle mécanique de Clastres est déjà doté d'éoliennes, les panneaux solaires vont compléter le mix énergétique. • © Gontran Giraudeau / FTV
Pour l'État, il s'agit d'un enjeu à l'échelle nationale, mais aussi régionale. "On est sur des projets d’avenir. En ce moment, se décident les grandes trajectoires de développement des énergies renouvelables à travers la programmation pluriannuelle de l’énergie. On doit multiplier par cinq, voire sept, le photovoltaïque en France dans les prochaines années", argumente Nicolas Gubry, responsable du projet de la centrale.
Seul bémol : à l'heure actuelle, le matériel nécessaire ne pourra pas être d'origine française. "Statistiquement, les panneaux solaires viennent plutôt d’Asie. Il n'y a plus d’industries en Europe spécialisées dans le photovoltaïque. Nous formulons le vœu qu’un jour notre pays ait la capacité d’être compétitif pour produire ici, mais ce n'est pas encore le cas", regrette Frédéric Motte.
D'autres projets similaires ont en cours dans les Hauts-de-France, à Cambrai ou encore à Creil, par exemple. Et si vous vous posez la question : oui, il est possible de produire de l'énergie solaire dans notre région. Mais il faudra patienter encore un peu avant que le soleil picard ne produise de l'électricité dans les foyers de l'agglomération : le projet n'est pas attendu avant la fin de l'année 2027.