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Parc éolien en mer de Dunkerque : les autorisations environnementales sont accordées

07/03/2025

Parc éolien en mer de Dunkerque : les autorisations environnementales sont accordées

© hrui

Le projet de parc éolien offshore de Dunkerque a franchi une nouvelle étape, le préfet du Nord a accordé des autorisations environnementales aux sociétés RTE et EMD pour le raccordement, la création et l'exploitation du parc.

Par deux arrêtés préfectoraux, en date du 24 décembre 2024 (1) et du 14 février 2025 (2) , le préfet du Nord a accordé, d'une part, une autorisation environnementale à la société Réseau de transport d'électricité (RTE), gestionnaire du réseau public de transport d'électricité haute tension et filiale d'EDF, pour le raccordement du parc éolien de Dunkerque (Hauts-de-France), et, d'autre part, une autorisation environnementale à la société Éoliennes en mer de Dunkerque (EMD), pour la création et l'exploitation du même parc.

Un objectif de 40 % d'électricité renouvelable à l'horizon 2030

En 2016, la ministre de la Transition écologique avait annoncé un appel d'offres pour la pose d'éoliennes en mer sur une zone au large de Dunkerque. Par une décision du 14 juin 2019, le groupement composé d'EDF, d'Innogy SE et de Blauracke GmbH avait été désigné lauréat du projet. Celui-ci devait contribuer à « l'atteinte de l'objectif de 40 % d'électricité renouvelable à l'horizon 2030 ». À la suite des conclusions du débat public qui s'était tenu du 14 septembre au 20 décembre 2020, les sociétés EMD et RTE avaient confirmé la poursuite du projet par une décision des maîtres d'ouvrage en date du 10 mai 2021.

Cette démarche s'inscrit dans le cadre de la poursuite du développement de l'éolien en mer posé, qui contribue à l'atteinte de l'objectif de 40 % d'électricité renouvelable à l'horizon 2030, fixé par la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte ” 

Préfecture de la région Hauts-de-France

Ce parc éolien est constitué de 46 éoliennes réparties sur plus de 50 km2. Son raccordement électrique est composé d'un poste électrique en mer qui transformera l'électricité produite par les éoliennes du niveau de tension de 66 000 volts en tension de 225 000 volts, et d'une double liaison électrique à 225 000 volts depuis le poste électrique en mer vers celui à terre. « Le parc éolien en mer permettra de répondre à l'urgence liée à la transition énergétique et à l'augmentation de la demande d'électricité à venir pour permettre d'atteindre les objectifs de politique énergétique, et en particulier de neutralité carbone en 2050 », précisent les arrêtés préfectoraux.

Oiseaux, mammifères marins et terrestres directement impactés

Les sociétés RTE et EMD indiquent s'être engagées dans une démarche de moindre impact environnemental, mais que « malgré les mesures d'évitement et de réduction, des impacts résiduels suffisamment caractérisés subsistent sur certaines espèces protégées », justifiant la demande de dérogation à l'atteinte d'espèces protégées.

Les autorisations environnementales accordées permettent la dérogation à l'atteinte de plus de 20 espèces protégées, dont des oiseaux ou des mammifères, marins comme terrestres, tels que le goéland cendré, le marsouin commun ou encore le phoque gris. Consulté en 2023, le Conseil national de la préservation de la nature (CNPN) avait émis un avis défavorable (3) en considérant qu'il y avait eu une sous-estimation des incidences environnementales, et que l'une des conditions permettant l'octroi de dérogation à l'atteinte d'espèces protégées, à savoir la recherche de solutions alternatives, n'avait pas été remplie. De plus, le futur parc est situé sur les bancs de Flandres, une zone classée Natura 2000 depuis 2016. Les arrêtés précisent toutefois que le projet « ne génère[rait] pas d'effets significatifs dommageables sur les habitats naturels et les espèces qui ont justifié la désignation des sites Natura 2000 ».

Un projet qui fait des vagues

Le projet est autant vivement contesté par des associations, telles que Vent Debout 59, Préserver l'identité environnementale de Bretagne Sud et des îles contre l'éolien en mer (Piebîem), ou encore par l'État Belge. En juillet 2021, la Belgique, la Région de Flandre, la commune de La Panne et le port d'Ostende avaient d'ailleurs demandé au tribunal administratif de Lille d'annuler pour excès de pouvoir la décision du 10 mai 2021. Le tribunal avait transmis ces requêtes au Conseil d'État (4) , qui les avaient rejetées par une décision du 10 juillet 2023.

Le port d'Ostende avait d'ailleurs poursuivi son action côté belge, en demandant, en novembre dernier, au tribunal de Flandre-Occidentale, une indemnisation aux développeurs ainsi qu'une mesure préventive interdisant temporairement les travaux de construction du parc. En effet, l'approche occidentale du port d'Ostende, aussi appelée « route Dyck », relie l'infrastructure portuaire au sud de l'Angleterre et à l'océan Atlantique. Elle est donc essentielle pour les liaisons maritimes industrielles et de pêche. La construction du parc a cet emplacement précis couperait l'accès à cette route. « Nous ne sommes pas contre la construction du parc éolien devant la côte de Dunkerque, mais bien contre l'emplacement qui est prévu », avait précisé Dirk Declerk, président du port d'Ostende.

Contactée par Actu-Environnement, l'association Vent Debout 59 a confié envisager un recours contre le projet, qu'elle mènera certainement en collaboration avec d'autres associations. Le 31 décembre dernier, elle avait déposé un recours auprès du tribunal administratif de Lille, mettant en doute l'impartialité de l'enquête publique. Par un arrêté interpréfectoral en date du 21 janvier dernier, les préfets du Nord et du Pas-de-Calais avaient lancé une enquête publique complémentaire qui a pris fin ce lundi 3 mars.

1. Consulter l'arrêté préfectoral du 24 décembre 2024

2. Consulter l'arrêté préfectoral du 14 février 2025

3. Consulter l'avis du CNPN

4. Conformément à l'article R. 351-2 du code de justice administrative, lorsqu'une cour administrative d'appel ou un tribunal administratif est saisi de conclusions qu'il estime relever de la compétence du Conseil d'État, son président lui transmet sans délai le dossier qui poursuit l'instruction de l'affaire.

Camille Girardin Lang / actu-environnement

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