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Le CETI lance sa ligne pilote produisant des fibres textiles issues de la biomasse

06/03/2025

Le CETI lance sa ligne pilote produisant des fibres textiles issues de la biomasse


Le Centre européen des textiles innovants, basé à Tourcoing (Nord), dévoile trois projets structurants visant à produire, via des lignes pilotes industrielles, des fibres respectivement issues de la laine, du lait et de la paille de lin. Pour cette dernière, la ligne de production a été inaugurée ce 30 janvier.

“La production de fibres à partir de la biomasse vient combler le chaînon manquant de la réindustrialisation verte du textile: la souveraineté sur la ressource”, explique le directeur du CETI, Pascal Denizart. ”Soyons honnêtes: le 100% made in France, depuis la matière première jusqu'à la distribution, n'existe quasiment pas. Très peu de matières premières sont produites en France avec une hégémonie des matières synthétiques en Asie et la quasi-absence de coton sur notre sol!”

C’est face à ce constat qu’est né le projet OzoCell. Ce dernier vise ainsi à produire des fibres cellulosiques issues de la paille de lin oléagineux, principalement cultivé pour ses graines. Ce projet de 5,8 millions d’euros, dont 3,6 apportés par l’Ademe (agence de transition écologique), est porté par un consortium réunissant autour du CETI les structures Linéa Semences de lin, Unilasalle, Bretagne Pack et Decathlon. Le marché du sportswear et des textiles techniques sera le principal débouché de cette fibre.

A l'issue de ce programme de trois ans est prévue l’ouverture d’une usine qui, par oxydation à l’ozone, va extraire la cellulose produite dans les pailles de lin. L’Ademe estime que la fibre qui en sera tirée permettrait d'éviter 5.733 tonnes de CO2 émises par tonne de viscose produite. La production peut, elle, s’appuyer sur les 35.000 hectares dédiés à la culture du lin oléagineux en France.

Côté laine, le projet KeWool réunit pour sa part le CETI, l’Ademe et l'agglomération de Beauvais. Il s’agit de transformer la laine de mouton en filament de kératine via un procédé d’extraction et de dissolution, puis un filage par voie de solvant. L’un des objectifs est de soutenir les éleveurs d’ovins via le revenu supplémentaire généré par des laines souvent non utilisées ou sous-valorisées, du fait de leur longueur ou de leur qualité. Mais ce procédé a également pour but de proposer une nouvelle source de matière biosourcée à une filière mode cherchant, très largement, à être moins dépendante des fibres issues des hydrocarbures.


CETI

Une fibre de lait va par ailleurs être développée par le CETI, avec l'appui de la Communauté d’agglomération de Cambrai, et en partenariat avec le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière. Exploitant du lait impropre à la consommation et les déchets de l'industrie fromagère, ce projet repose sur un procédé de filage par voie humide de la caséine. La fibre de lait offrirait des propriétés similaires à celles du cachemire et de la soie, exploitable aussi bien dans l'univers du tricotage que du tissage.

“OzoCell, KeWool et le projet Fibre de lait sont les premiers pas. Demain, le modèle économique et industriel développé pourra s’étendre sur d’autres territoires”, souligne Pascal Denizart. Ce dernier évoque le chanvre, la luzerne et le miscanthus. ”Nous sommes aux prémices d’une nouvelle filière qui va conduire à la relocalisation effective d’emplois dans les territoires sur toute la chaîne de valeur: de la collecte agricole à la transformation en fibres et la production textile”.

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