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Une septième limite planétaire, sur l’acidification des océans, en passe d’être franchie

02/10/2024

Une septième limite planétaire, sur l’acidification des océans, en passe d’être franchie

Septième limite planétaire, l'acidification des océans menace les écosystèmes marins. @Unsplash

Sept sur neuf. C’est désormais le nombre de limites planétaires dépassées, selon un nouveau rapport. L’acidification des océans vient s’ajouter aux nombreuses menaces qui pèsent sur l’avenir et la stabilité de la Terre, dégradant son bilan de santé.

“Le diagnostic global est que le patient, la planète Terre, est dans un état critique”. Ces mots sont ceux de Johan Rockström, le directeur du Potsdam Institute for climate impact research (PIK) qui vient de publier pour la première fois son “Planetary Health Check”. Ce bilan de santé, qui sera désormais actualisé chaque année, revient sur l’état des neuf limites planétaires régulant la stabilité terrestre, sa capacité de résilience et son habitabilité.

Et les résultats sont alarmants. Sous l’effet des activités humaines, six de ces seuils ont déjà été franchis ces dernières années et un septième, l’acidification des océans, s’apprête à l’être “dans un avenir proche”. Un processus “inévitable” selon les chercheurs qui s’inquiètent des nombreuses conséquences qui y sont associés. Liée à l’absorption du dioxyde de carbone par les océans, l’acidification entraîne en effet la diminution du pH de l’eau, devenant alors nocive pour de nombreux organismes.


La pression sur la planète s’accroît

Altération des récifs coralliens, détérioration des coquilles des mollusques et des crustacés… In fine, c’est toute la chaîne alimentaire marine qui est menacées. Autre impact, et non des moindres, l’acidification réduit “la capacité des océans à piéger le carbone, ce qui affaiblit leur capacité à atténuer le réchauffement de la planète”, alertent les auteurs du rapport. “Même en réduisant rapidement les émissions, un certain niveau d’acidification est inéluctable du fait du CO2 déjà émis et du temps de réponse du système océanique”, explique Boris Sakschewski, un des auteurs principaux du Planetary Health Check.

Si le franchissement de ce nouveau seuil n’est pas synonyme de changements “radicaux” immédiats, il marque “l’entrée dans un périmètre de risque croissant”, en venant s’ajouter à l’ensemble des limites planétaires d’ores et déjà dépassées. Ces dernières concernent le changement climatique, la déforestation, la perte de biodiversité, la quantité de produits chimiques synthétiques (dont les plastiques), la raréfaction de l’eau douce et l’équilibre du cycle de l’azote (intrants agricoles). Leur situation continue de se dégrader, soulignent les chercheurs du PIK.

Combinés, ces “sept phénomènes montrent une tendance à l’augmentation de la pression, de sorte que nous verrons bientôt la majorité des paramètres du bilan de santé planétaire dans la zone à haut risque”, avance dans un communiqué Johan Rockström. Bien en-dessous du seuil d’alerte, reste seulement l’état de la couche d’ozone qui se rétablit depuis l’interdiction de substances nocives en 1987. Il devrait en effet se résorber d’ici quarante ans au-dessus de l’Antarctique, et dès 2040 dans le reste du monde.

Pour une approche holistique

Un dernier et neuvième élément, la concentration de particules fines dans l’atmosphère, est proche du seuil d’alerte. Désigné comme “la plus grande menace externe pour la santé publique” par l’Organisation mondiale de la santé, il montre cependant des signes d’amélioration grâce aux mesures prises dans certains pays pour améliorer la qualité de l’air. Les chercheurs du PIK mettent tout de même en garde contre un risque de dégradation dans les Etats à l’industrialisation rapide.

Or plus un grand nombre de limites est franchi, plus “le risque s’accroît de porter atteinte de façon permanente aux fonctions terrestres de soutien à la vie”, et de voir se déclencher des points de bascule irréversibles, alertent les chercheurs qui défendent une approche holistique. “Pour garantir le bien-être humain, le développement économique et la stabilité des sociétés, il faut adopter une approche globale où la protection de la planète occupe une place centrale”, insiste Levke Caesar, scientifique au PIK et co-auteur de l’étude.

Car le bilan pourrait encore s’alourdir. Dans un rapport dévoilé en mai 2023, des chercheurs ont identifié des limites planétaires “sûres et justes” en ajoutant des critères concernant la justice sociale et les impacts négatifs sur les communautés. Selon cette analyse, sept de ces huit seuils seraient déjà dépassés. ■

novethic

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