"Les entreprises vont se battre pour attirer les compétences vertes"

Le 27 juin dernier, Maddyness organisait avec le cercle Humania (600 DRH) une journée de colloque consacrée au futur du travail. Sur scène et en amont de la table ronde dédiée au sujet « Les compétences face au défi de la décarbonation de l'industrie » , Alain Roumilhac, président Europe du Sud de Manpower, a pu donner un aperçu des besoins (très importants) du marché.

Après les soft skills, place aux « compétences vertes », celles qui permettront de conduire la transition écologique. LinkedIn en avait fait l’objet d’une conférence, lors de son dernier Talent Connect 2024, relevant que 50 % des métiers actuels seraient concernés par le changement climatique.

« LinkedIn dénombre pas moins de 800 compétences vertes, a souligné Alain Roumilhac lors du colloque Humania en juin dernier. Chez Manpower, 65% de nos clients indiquent déjà qu’ils sont à la recherche de ces compétences vertes. Pour une part significative d’entre elles, il s’agit de compétences qui existent déjà, mais qu’il s’agit de démultiplier. C’est typiquement le cas de l’explosion de la demande sur le métier d’électricien. »

D’autres compétences sont nouvelles ; c’est le cas par exemple des bassins d’emploi où plusieurs gigafactories se montent en même temps pour produire des batteries électriques. « Eux ont besoin de former parfois 1500 à 2000 personnes d’un coup. »

Dans l’Opinion l’hiver dernier, il insistait déjà sur ce point : « Pour rester attractive, la France devra devenir le premier vivier de compétences en Europe. (…) La disponibilité des savoir-faire nécessaires à la mise en place de nouveaux modes de production bas carbone et digitalisés sera critique dans le choix d’un territoire d’installation pour les investissements étrangers. C’est à ce titre que ManpowerGroup et EIT InnoEnergy ont établi un partenariat visant à former et à perfectionner des centaines de milliers de travailleurs dans le secteur des batteries électriques à travers l’Europe. »

Les entreprises ouvrent des écoles

« Notre priorité, c’est donc l’anticipation, reprend Alain Roumilhac. A la fois pour la formation interne et pour le recrutement de futurs collaborateurs à former : nos divisions conseil sont mobilisées sur la gestion prévisionnelle des compétences. »

Lors de la table ronde qui a suivi, Catherine Chavanier (CDC Habitat), Stéphane Dubois (Safran) ont confirmé les attentes importantes du marché : 50 000 logements à rénover chez CDC Habitat, par exemple. Chez Safran : c’est « un avion qui décolle toutes les deux secondes dans le monde avec un moteur de chez nous » et « un nombre de passagers qui va doubler dans les 20 ans qui viennent, n’en déplaisent aux idées reçues ». L’industriel recrute 20 000 personnes par an depuis trois ans et « cela va continuer. On ne trouve pas les compétences. Nous devons former 50% des personnes qu’on embauche : nous avons donc développé 60 écoles de production. »

Dans un livre blanc tout récent, le groupe Manpower indique que malgré la demande, seul un travailleur sur huit (15 %) possède actuellement plus d'une compétence verte. En raison de cette forte pénurie, les entreprises se livrent une concurrence acharnée pour attirer le peu de candidats qualifiés. En effet, les employeurs ont cité la recherche de candidats qualifiés (44 %), puis la création de programmes de recyclage efficaces (39 %) et l'identification de compétences transférables (36 %) comme les principaux obstacles à l'exécution des transitions vertes.

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