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Réseaux de froid : une cartographie pour identifier les zones prioritaires de développement
28/11/2024
D'après la cartographie, 16 % des besoins nationaux pourraient être couverts par des réseaux de froid. © Max Tactic
Le Cerema a cartographié les besoins en froid des bâtiments et croisé ces données avec les îlots de chaleur urbains, afin d'identifier des zones prioritaires de développement de réseaux de froid.
En France, le réchauffement climatique va se traduire par une baisse de la consommation de chauffage et une hausse de la consommation électrique pour la climatisation. Les records de températures, la multiplication et l'intensification des vagues de chaleur et des canicules augmentent en effet les besoins en froid et/ou rafraîchissement, notamment pour les populations les plus vulnérables (personnes âgées, malades, enfants…). Ces besoins en froid pourraient passer de 19 térawattheures (TWh) actuellement à 34 TWh en 2050, selon les estimations de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC).
Aujourd'hui, chaque vague de chaleur se traduit par une hausse des équipements individuels en climatisation, dont le marché est en pleine croissance (près d'un million d'unités vendues par an). Une solution loin d'être idéale d'un point de vue environnemental, voire contreproductive dans les zones urbaines denses puisque ces appareils rejettent de la chaleur à l'extérieur. L'une des solutions alternatives est de développer des réseaux de froid. Le Cerema a cartographié, dans le cadre d'Enrezo, les besoins en froid (1) des bâtiments résidentiels et tertiaires, afin d'identifier les zones pertinentes pour développer de tels réseaux. Un second travail a permis de croiser ces données avec les zones sensibles (2) au phénomène d'îlot de chaleur urbain (ICU), afin de pointer les projets qui pourraient être considérés comme prioritaires.
Anticiper les besoins pour adapter les bâtiments
34 TWh - Ce sont les besoins en froid en 2050 estimés par la Stratégie nationale bas carbone.
« Si les réseaux de froid bénéficient de nombreux atouts (meilleure gestion des fluides frigorigènes, bilan carbone plus faibles, pas de contribution à l'ICU), ils restent peu développés en France (moins de quarante en 2024) », constate le Cerema dans une note. Ces réseaux peuvent pourtant être alimentés par de nombreuses ressources (renouvelables ou non) et différentes technologies. Le principal frein ne réside donc pas là mais, analyse le Cerema, dans l'adaptation des bâtiments. Ceux-ci « doivent en effet être compatibles avec une distribution centralisée de froid, impliquant l'installation (et donc le financement) d'émetteurs et de réseaux dits "secondaires" », ce qui est rarement le cas aujourd'hui. D'où l'intérêt d'identifier les zones pertinentes pour développer des réseaux de froid, afin d'adapter les bâtiments à un potentiel futur raccordement.
16 % des besoins pourraient être couverts par réseau
Au total, le Cerema a identifié 57 TWh de besoins annuels en froid, dont 58 % dans le tertiaire, 28 % dans le résidentiel individuel et 14 % dans le résidentiel collectif. Mais tous ne pourront pas être assurés par des réseaux. En effet, selon la densité des bâtiments, la somme des besoins, il ne sera pas toujours opportun, d'un point de vue technico-économique, de développer un réseau.
Dans ce gisement, le Cerema fait donc ressortir des zones d'opportunités, dans lesquelles des réseaux de froid seraient déployables. Sont distinguées les zones à fort potentiel, dont les besoins sont très élevés, qui représentent 2,5 TWh de besoins annuels et 20 000 bâtiments, et les zones à potentiel, qui représentent 6,8 TWh et plus de 78 000 bâtiments. D'après cette cartographie, 16 % des besoins nationaux pourraient donc être couverts par des réseaux de froid. À noter qu'une partie de ces besoins sont déjà couverts par les 40 réseaux de froid existants, qui livrent 1 TWh de froid à 1 563 bâtiments. Ils couvrent près de 40 % des besoins identifiés dans les zones à fort potentiel et 15 % des besoins des zones à potentiel. Autrement dit : 60 % des zones à fort potentiel et 85 % des zones à potentiel restent à équiper.
Îlots de chaleur : 600 zones urbaines prioritaires
“ Si les réseaux de froid bénéficient de nombreux atouts, ils restent peu développés en France ” - Cerema
Ces zones ont ensuite été croisées avec des secteurs estimés comme sensibles au phénomène d'îlot de chaleur, identifiés par ailleurs par les équipes du Cerema. Au total, cent dix villes et plus de 12 000 bâtiments pourraient être considérés comme prioritaires (3) pour le développement de réseaux de froid.
Dans les zones à fort potentiel, 135 zones ont été identifiées comme ayant une sensibilité forte à très forte à l'ICU, dans cinquante villes, pour des besoins à hauteur de 514 gigawattheures (GWh). Seules la Bretagne et la Corse échappent à cette catégorie. En revanche, Paris (avec 180 GWh de besoins annuels), Marseille (plus de 100 GWh) et Lyon (près de 50 GWh) arrivent en tête, suivies par Nice, Toulouse et Bordeaux. Des villes comme Nantes, Nancy et Clermont-Ferrand sont aussi concernées.
Dans les zones à potentiel, 449 sont considérées comme sensibles à l'ICU. Elles sont réparties dans 110 villes et représentent 1,26 TWh de besoins annuels. Là, seule la Corse échappe à cette classification. Les mêmes villes arrivent en tête. Mais on retrouve également dans cette catégorie Annecy, Lille et Saint-Étienne.
1. Consulter la note du Cerema sur les besoins en froid
2. Consulter la note du Cerema sur les zones prioritaires
3. À noter que l'étude ne prend pas en compte les réseaux existants. Une partie de ces besoins pourraient donc déjà être couverts.
Sophie Fabrégat / actu-environnement