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Les réseaux électriques en surchauffe face au changement climatique
22/09/2024
Au Texas, l'ouragan Beryl a provoqué de nombreuses coupures sur les réseaux électriques @DANIELLE VILLASANA / Getty Images via AFP
Plus de courant au Monténégro, en Croatie ou encore au Texas : cet été, les aléas climatiques ont mis à rude épreuve les réseaux électriques du monde entier. Derrière ces coupures se cache un manque de résilience de nos infrastructures qui pourrait entraîner des pannes récurrentes dans les années à venir. Pour y faire face, d’importants investissements devront être débloqués.
Plus de feux tricolores dans les rues, plus de connexion internet ou ni de climatisation… Au début de l’été, Podgorica, la capitale du Monténégro, a été privée d’électricité durant plusieurs heures. Une situation “insupportable”, selon le témoignage d’un habitant rapporté par le média Bloomberg, qui s’est étendue à quatre pays des Balkans. Au même moment, la panne de courant a en effet été constatée en Croatie, en Bosnie-Herzégovine ainsi qu’en Albanie.
En cause, les températures caniculaires et la sécheresse. Alors que le mercure frôlait les 40°C dans la région, l’utilisation massive de l’air conditionné aurait été à l’origine de surcharges du réseau électrique. Un feu de forêt affectant un interconnecteur et une baisse de la production hydroélectrique en Albanie sont également évoqués parmi les raisons de ce dysfonctionnement. Au total, 4 millions de personnes ont été impactées.
Vieillissement et manque d’entretien
Ces pannes sont amenées à se répéter alors que les infrastructures électriques pâtissent d’un manque d’entretien ou d’un mauvais calibrage face aux effets du changement climatique. De nombreux phénomènes comme l’augmentation des températures, les inondations ou encore les tempêtes fragilisent en effet les réseaux du monde entier. Ces derniers mois, les exemples se sont multipliés, au Koweït, en Equateur, au Mexique mais aussi aux Etats-Unis, particulièrement vulnérables aux impacts de la crise climatique.
D’après les chiffres du département de l’énergie américain, les catastrophes climatiques seraient la “première cause de pannes d’électricité” du pays. Son réseau électrique fait par ailleurs partie des 10% les plus exposés à des cyclones tropicaux, selon les données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Début juillet, l’Etat du Texas en a fait les frais suite au passage de l’ouragan Beryl. Conséquence du réchauffement des eaux de l’Atlantique et du phénomène climatique La Niña, la catastrophe a entraîné de nombreuses pannes de courant dans l’ensemble de la région.
Résultat : près de 3 millions de foyers laissés sans électricité, et ce durant une semaine pour les plus malchanceux. Ces événements à répétition, critiques pour les habitants, impliquent également d’importants ralentissements de l’économie locale. Et ce n’est pas tout. Si “le vieillissement et le manque d’entretien aggravent la sensibilité des infrastructures aux aléas climatiques, [ils] deviennent aussi des facteurs de risque supplémentaires dans les chaines d’impacts liées à la dérive climatique”, explique le cabinet spécialisé Carbone 4 dans une note.
Investissements massifs
Parmi les exemples les plus marquants, on retiendra les incendies dramatiques ayant dévasté la Californie en novembre 2018 et l’île d’Hawaï au mois d’août 2023. Dans les deux cas, la responsabilité des fournisseurs d’électricité PG&E et Hawaiian Electric a été mise en cause dans le déclenchement de ces feux. La résilience des réseaux est donc un enjeu majeur, rappelle l’Agence internationale de l’énergie qui note que des investissements massifs sont attendus.
“On estime que pour chaque dollar investi dans une infrastructure résiliente au changement climatique, six dollars peuvent être économisés. Selon la Banque mondiale, si les mesures nécessaires à la résilience sont retardées de dix ans, le coût sera presque doublé”, souligne l’AIE. En France, Enedis investit d’ores et déjà 1 milliard d’euros par an pour moderniser et rendre plus résilient son réseau. En outre, l’entreprise, accompagnée de RTE, devrait allouer près de 200 milliards d’euros d’ici 2040 au redimensionnement des infrastructures, afin d’accueillir les énergies renouvelables et répondre à la demande croissante d’électrification