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Le coup de frein sur le projet Airbus d’avion à hydrogène suscite l’inquiétude à Nantes
05/03/2025

ZEROe, l’avion à hydrogène d’Airbus, est encore loin d’être une réalité. | AFP
Airbus vient d’annoncer à ses salariés que l’avion à hydrogène ne sera pas prêt en 2035 comme prévu. Ce qui pourrait avoir un impact sur l’activité du Technocentre de Nantes, qui a d’autre part bénéficié de subventions régionales à hauteur de 3,3 millions d’euros.
L’avion à hydrogène reste encore un mirage plus qu’une réalité. Airbus a annoncé de façon non officielle, à des collaborateurs, le 5 février 2025, que le projet ZEROe, nom de code de l’avion à hydrogène, ne serait pas concrétisé comme prévu en 2035. Une évolution de calendrier qui n’a pas vraiment étonné et qui se présente comme un changement de stratégie aux raisons autant politiques que techniques.
Airbus a admis des progrès technologiques « plus lents que prévus » , mais s’appuie aussi sur les retards de toute la filière hydrogène, « pour adapter notre feuille de route en fonction de la maturité des technologies et des infrastructures nécessaires. ».
Dans la foulée, le syndicat Force ouvrière a complété l’information en évoquant la conséquence financière : « une baisse de 25 % du budget alloué au projet ZEROe » . Airbus met ainsi fin au développement du moteur à pile à combustible hydrogène, alternative à l’hydrogène qui devait être testée cette année.
Plusieurs dizaines d’ingénieurs et techniciens concernés
À Nantes, la restriction fait craindre des retombées pour le Technocentre de Nantes engagé dans les études pour développer les technologies permettant de brûler l’hydrogène. Pour mémoire, « ce centre a bénéficié de subventions régionales à hauteur de 3,3 millions d’euros », rappelle la CGT. Il a investi dans une machine de soudage par friction (FSW) de forte épaisseur, équipement destiné à la réalisation des réservoirs qui seront conçus dans le centre de développement zéro émission (ZEDC), créé par Airbus au sein du Technocentre.
Première concrétisation en mai 2022, les équipes nantaises ont réalisé le premier prototype de cuve à double peau d’un mètre cube de volume représentant, à échelle réduite, ce qui pourrait être un futur réservoir destiné à être intégré dans le caisson central de voilure. Les recherches devaient aboutir au développement de trois concepts d’avions à hydrogène.
« Redéploiement sur d’autres missions »
Quelle conséquence aura, pour le site nantais, ce report du projet ZEROe ? Pour Benoît Jolivel, de la CFE-CGC, « plusieurs dizaines d’employés d’Airbus Atlantic seront concernées, mais il n’y a pas vraiment d’inquiétude sur le fait de les redéployer sur d’autres missions. Tous ne seront pas forcément en recherche. » Airbus Atlantic se veut rassurant s’engageant à « redéployer ses ressources internes dédiées au projet ZEROe – très limitées au regard des plus de 14 000 employés – en les accompagnant dans les prochains mois vers des solutions adaptées. »
Les syndicats estiment que ces questions seront inévitablement abordées lors des prochains rendez-vous de comité centraux européens et français.
Airbus Atlantic assure que le Technocentre de Nantes « continue à jouer un rôle clé dans l’innovation et l’exploration des nouvelles solutions pour l’aviation durable. »
Pour la CGT, « sans le dire officiellement, les donneurs d’ordre attendent de l’État que celui-ci mette en place l’ensemble de l’écosystème favorable au transport aérien décarboné. »