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RSE : les entreprises cotées européennes jouent le jeu de la transparence
14/09/2024
Le volume de données extra-financières a augmenté de 40 % entre 2020 et 2023. © MT.PHOTOSTOCK
L'analyse des données enregistrées sur sa plateforme par Euronext montre que les sociétés cotées sont de plus en plus nombreuses à publier leurs résultats extra-financiers et à améliorer leurs résultats en termes d'émissions de GES.
Petit à petit, la prise en compte des critères ESG progresse au sein des sociétés cotées, même des plus petites : telle est la conclusion du rapport publié par Euronext, ce lundi 9 septembre. Afin de mettre à la disposition des investisseurs les données environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) de ces entreprises, la place boursière européenne avait installé et ouvert à la consultation une base spéciale appelée My ESG Profile en 2023. Alimenté par ses 1 729 sociétés européennes cotées, via 50 indicateurs quantitatifs basés sur les principales normes européennes, cet outil de benchmark – le premier de ce genre dans le monde – totalise désormais quelque 100 000 points de données standardisées et déjà diffusées, excluant donc les estimations, couvrant les années 2020, 2021, 2022 et 2023. Une matière riche et fiable qui lui permet aujourd'hui de dégager quelques grandes tendances.
La collecte de données s'améliore
Premier de ses enseignements : les sociétés se conforment plus volontiers à l'exercice de la collecte et de la publication de leurs données extra-financières. Le volume de ces informations a augmenté de 40 % entre 2020 et 2023, passant de 18 747 points de données à 26 186. « Un effort très conséquent, même s'il est lié à la publication des normes sur la taxonomie et les obligations à venir de la CSRD », constate Mathieu Caron, chef de groupe des marchés primaires d'Euronext. Concernant plus particulièrement le scope 3 (émissions indirectes liées à la chaîne de valeur), le reporting a même bondi de 57 % depuis 2020.
“ Un effort très conséquent, même s'il est lié à la publication des normes sur la taxonomie et les obligations à venir de la CSRD ” - Mathieu Caron, Euronext
Les grandes entreprises ayant pris un peu d'avance dans ce domaine, cette évolution est aujourd'hui stimulée par l'implication des sociétés de taille moyenne (affichant une capitalisation située entre un milliard et 150 millions d'euros). En 2020, 47 % d'entre elles rendaient compte de leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) pour les scopes 1 (émissions directes) et 2 (émissions indirectes liées à la consommation d'énergie hors de l'entreprise). Elles sont aujourd'hui 57 %.
Moins de GES, plus d'ENR
Pour ces deux scopes, les émissions de l'ensemble des entreprises cotées ont été réduites de 14 % depuis 2021 et de 29 % pour les établissements intermédiaires. Ceci sans impacter leurs revenus. Pour le scope 3, pourtant très important, Euronext a pour le moment préféré ne pas indiquer les résultats, estimant les données encore trop hétérogènes. Les grandes entreprises (plus d'un milliard de capitalisation) ont par ailleurs réussi à réduire leur consommation énergétique de 26 % par million de revenu généré, tout en augmentant leur consommation d'énergies renouvelables. Leur part était de 37 % en 2021 et de 44 % en 2023.
6 600 milliards de capitalisation
Au sein d'Euronext, les 388 grandes capitalisations boursières, supérieures à un milliard d'euros, totalisent 6 400 milliards d'euros, les 392 moyennes (entre 1 milliard et 150 millions d'euros) atteignent 160 milliards d'euros, les 949 petites 40 milliards d'euros.
Autre fait notable, 70 % des grandes entreprises répondent aux critères de taxonomie de l'Union européenne, en prévision de l'application de la directive CSRD notamment, pour 52 % en 2021. Du côté des moyennes capitalisations, elles sont 49 % à le faire, contre 30 % en 2021. Chacun attend désormais l'arrivée des premiers rapports CSRD qui auront un impact sur la manière d'analyser les données.
Attention, alerte toutefois le cabinet Bain & Company, l'attention accordée par les P-DG à la durabilité à l'échelle mondiale aurait fortement diminué, dépassée par d'autres priorités : le développement de l'intelligence artificielle et l'inflation. Selon une étude publiée ce lundi 9 septembre par cette société internationale de conseil en stratégie et de management, 30 % des entreprises qui divulguent leurs progrès via le Carbon Disclosure Project seraient en retard sur leurs objectifs de réduction des émissions de scope 1 et 2, et près de la moitié sur le scope 3. Nombre d'entre elles réévalueraient, ajusteraient et, dans certains cas, rétracteraient leurs engagements climatiques. Quant aux salariés, selon un baromètre finalisé en mai dernier par la plateforme « d'intelligence collective » Beeshake et la société de conseil Act For Now, ils seraient 65 % à méconnaître le sujet ESG et 55 % à souhaiter être mieux informés.
Nadia Gorbatko / actu-environnement